Historique de l’ordre des Hospitaliers et de la Commanderie de Ruetz

Fondation de l’ordre

En 1113, par bulle papale, Pascal II consacra la congrégation de l’Hôpital de Saint Jean-de-Jérusalem comme un ordre religieux exempte de l’Eglise. Tous les biens, toutes les charges ou possessions de l’ordre, de l’un ou de l’autre côté de la mer, en Asie ou en Europe, anciens et à venir lui étaient définitivement acquis.
Elle assurait aussi à son supérieur, le frère Gérard. Le droit de désigner de façon indépendante et autonome ses successeurs sans l’intervention d’aucune autorité ecclésiastique ou laïque. Ce document est aujourd’hui conservé à la Bibliothèque national de Malte.

Début de l’hôpital

En l’an 600 Jean le Diacre fut chargé par le pape Grégoire le Grand d’y construire un hôpital à Jérusalem. Celui-ci fut détruit à peine 15 ans plus tard par le roi Perse Chororôes II.
Deux siècle plus tard entre 766/809 Charlemagne obtint du calife Haroun al-Rashid un droit de regard sur les chrétiens de Terre sainte et profita pour édifier un hôpital, une église et une bibliothèque, desservis par des bénédictins.
Cet ensemble fonctionna jusqu’au en avril de l’an 1000 ou le jeune calife al-Hakem Biamrillah se déchaîne contre tous ceux qui n’étaient pas de confession chiite, y compris le sunnites, et particulièrement les chrétiens.
Le Saint-Sépulcre et tout ce qui l’entourait, ainsi que l’hôpital carolingien, furent livrés au pillages et jetés à bas. Vers l’an 1035, les marchands d’Amalfi, dont la cité était un des principaux centres de commerce avec l’Orient, avaient obtenu une concession auprès du calife Ma’ad al-Mustansir Billah, d’établir dans la partie chrétienne de la ville, une église « Sainte Marie Latine », un monastère et deux hospices ou maison des étrangers, destinés à recevoir les pèlerins sains ou malades hommes et femmes.
En 1061, les moines de Saint Marie Latine, face à l’afflux de pèlerins malades, firent construire en dehors de la ville un hôpital et ne pouvant s’en occuper à plein temps firent appel à un laïc, Gérard, pour remplir la fonction de recteur et administrateur.
Après 1099 Gérard aurait fait agrandir et transformer l’hôpital d’origine, au même temps qu’il faisait construire une église consacrée à saint Jean le Baptiste. Cette nouvelle fondation lui aurait permis de prendre son autonomie vis-à-vis des « moines noirs » et fonder cette congrégation qui sera reconnue comme ordre religieux 10 ans plus tard. Lors de la première croisade les chroniqueurs mentionnent des frères religieux habillés en noir, qui s’activaient auprès des nombreux blessées.
En signe de reconnaissance pour cette action Godefroy de Buillon fit don aux futurs Hospitaliers de Saint Jean de Casal Hessilia en Palestine. L’acte de donation d’Hessillia est aujourd’hui conservé à la Bibliothèque de Malte. C’est le document le plus ancien concernant le futur ordre.

Trois Ordres distincts

Les Templiers :
Soldats chevaliers du Christ​
Les Hospitaliers :
Moines, médecins et soldats​
Les Teutoniques :
Soldats allemands médecins​
Fonctionnement des Hôpitaux et leur essor au royaumes latins d’Orient :
Les ordres prirent rapidement une très grande importance dans l’organisation des royaumes latins d’Orient. C’est au milieu du XIIIe siècle que les trois ordres militaires mirent au point des procédures d’arbitrage pour prévenir les conflits ou les régler.
Les Templiers avantageaient les Hospitaliers par leur nombre mais les Hospitaliers possédaient dix-neuf mille manoirs dans toute la Chrétienté, contre neuf mille des Templiers. Les deux ordres menèrent chacun de leur côté leur politique indépendamment des pouvoirs religieux et laïcs créant ainsi non seulement une « Eglise dans l’Eglise » mais un « Etat dans l’Etat ».
Dans les faits, la rivalité l’importait, et le religieux cédait plus souvent la place au militaire. Les deux ordres avaient les mêmes objectifs et malgré leur rivalité ils savaient s’accorder et se rapprocher devant le danger.

Dans les combats les deux camps pouvaient joindre leurs efforts ; mais il était interdit aux frères exclus d’un des ordres d’entrer dans l’autre. Les intrigues, les querelles, les traîtrises se succèdent entre les ordres et le tout vola en éclats à la mort sans descendance du jeune lépreux Boudouin IV, rois de Jérusalem.
En 1187 Saladin donna la maison des Hospitaliers au clergé musulman et transforma en hôpital le palais de l’évêque.
Vers 1206, non loin de Margat, un vassal des Hospitaliers fut chassé de son château par les Templiers. L’homme vint se plaindre aux Hospitaliers qui sur-le–champ, investirent le fameux château et en délogèrent les intrus. L’affaire dégénéra. Les deux ordres, soutenus par leurs partisans, en virent au coups créant une situation de guerre civil. Le patriarche et les évêques firent appel à l’arbitrage du pape. L’affaire fut donné aux juges qui redonnent la possession du château aux Hospitaliers.
Leur ultime combat eu lieu lors de la septième croisade de Saint Louis, qui parvint à arranger une réconciliation ente les Templiers et les Hospitaliers qui dura jusqu’à l’assaut final ou les ordres combattirent côte à côte à Saint-Jean-d’Acre.

Après le départ des Hospitaliers de Palestine les musulmans utilisèrent de la même manière qu’eux l’hôpital de Saint-Jean.
La vocation première des Hospitaliers était des soigner les malades. « Nos seigneurs les malades » est leur première règle.
Le pape Eugène III, avant 1153, approuva la première règle (sur 19) de l’ordre qui donne l’orientation spirituelle et insiste sur le partage plus que sur le détachement. La règle n° 16 traite spécialement de la réception des malades. Cependant la nécessité d’une protection armée pour les malades et les pèlerins, et plus tard la défense des Etats, incite l’ordre à assurer des fonctions militaires en plus des taches religieuses et Hospitalières.
Les hospitaliers étaient certes des moines mais aussi des combattants soumis à des pressions exceptionnelles, ils n’observaient ni jeûn ni abstinence. Le vœu de chasteté était relatif car plusieurs bulles pontificales signalèrent les hospitaliers qui quittaient l’habit pour se marier. Des dames hospitaliers formaient un ordre différent soumis au règles des Hospitaliers, de même que des laïcs connus comme des « donnants ».

Les frères étaient divisés en trois catégories

les frères clercs, les frères laïcs, les frères convers. En 1205 sous le roi Alphonse de Portugal les frères ont été groupés en : frères chevaliers, chapelains et les frères servants.
La mission militaire des Hospitaliers commença réellement lorsqu’en 1137 Foulques Ier, roi de Jérusalem, leur remit le castel Bath-Giblin à l’est de Gaza. Les hospitalires auront à intervenir, à tout instant et partout, contre les assaillants, tels que les Ottomans, les Kurdes, les Arabes d’Egypte et du Liban, et les Mongols.
On les reconnaissait sur le champ de bataille grâce à leur oriflamme rouge à croix blanche.
Ils possédaient aussi les forteresse du Sare, Chastel Rouge, Akkar, Belmont, et d’autres en Arménie. Autour d’eux vivait un peuple exerçant des petits métiers multiples sans compter les animaux pour nourrir tout le monde, des moulins pour le blé, des chambres, des égouts, l’acheminement de l’eau.
Ils constituaient une vrai économie locale.

La croix blanche à huit pointes

La croix blanche été cousue « à la droite du cœur » sur un manteau noir à « capuche pointue».
Ses origines sont incertaines. Des auteurs se fondent sur les armoiries de la ville italienne d’Amalfi, qui possèdent en écartelé, sur champ d’azur, la croix de Malte d’argent.
Dès l’an 1142 on signale sa présence gravée sur une des tours du krak de Chevaliers.
En 1496 dans l’édition des règles il est question pour la première fois des huit pointes de la croix et de sa signification spirituelle (les huit béatitudes : 1ère le contentement spirituel, 2ème vivre simplement sans malice, 3ème vivre en humilité, 4ème pleurer ses fautes et péchés, 5ème aimer la justice, 6ème être miséricordieux, 7ème être net et sincère de cœur et pensé, 8ème endurer les afflictions et les persécutions pour la justice)

Les Hôpitaux en Occident

Dans la société chrétienne du XII siècle le pauvre et le malade étaient identifiés au Christ. Le moyen le plus sûr d’obtenir le pardon de ses péchés et le salut de son âme était de faire des dons au pauvres et en particulier à ceux qui s’en occupaient. Les dons affluèrent sous la forme de villages fortifiés, de fours, de terres, de celliers, de potagers, d’animaux, d’églises, de sel, de fermes, etc et d’argent. C’est ainsi que l’ordre pu étendre le long des routes son réseau d’hospices. Au Moyen Age les hôpitaux étaient soumis à la règle ecclésiastique ; on observait le silence et on assistait aux offices, récitant les prières en commun. Les médecins étaient peu nombreux et peu compétents, leurs homologues d’Orient étant de loin plus expérimentés.

Leur emplacement

Les maisons de l’Hôpital / Commanderies (terme utilisé à fin de XIII) servaient à l’ordre comme source de revenu mais aussi comme relais pour les voyageurs dans une France médiévale peu sûre. Elles étaient souvent installées dans la même place que les maisons d’asile, élevées sur les ruines des anciennes maisons romaines, élevées sur le règne de Charlemagne. Celles-ci étaient réparties de distance en distance, de telle manière que les voyageurs trouvaient là un refuge.

Leur organisation

Un administrateur «bailli» ou commandeur, était un frère qui se distingue au cours de ses campagnes. Il administrait un ensemble de domaines (fonciers, paroissiaux, seigneuriaux, fermes, etc) pas forcement d’un seul tenant mais qui pouvaient être dispersés sur un territoire d’une dizaine de kilomètres.

Leur nombre en France

Au XIII siècle l’ordre compte 250 commanderies, au début du XVI siècle leur nombre était de 640 (grâce à la dévolution de biens de Templiers aux Hospitaliers) et à la veille de la Révolution elles étaient 671 dont 13 protestantes.

Leur implantation

En Espagne les Hospitaliers se concentraient en Catalogne ; au Portugal dans le nord du pays ; en Italie en particulier la Lombardie et la Toscane ; en Angleterre et l’Irlande dans tout le territoire ; en Allemagne le long du Rhin.
En France plus particulièrement dans le Nord, l’Est, le Sud le Sud-Est, dans le Massif central, en Savoie et Haute Savoie, seul deux en Bretagne, trois dans le Bordelais, quatre dans les Landes et le Pays Basque et une seule dans l’Orléanais.

​Terrier

A chaque changement de commandeur un nouveau « terrier », registre foncier dans lequel étaient relevées les terres relevant d’une seigneurie et tous leurs droits, devait être dressé, afin de suivre la progression de ses biens.

​Suppression de l’Odre des Templiers

Le 3 octobre 1307 les agents royaux de Philippe Le Bel saisissent les biens des Templiers, au lieu de les placer sous contrôle de l’église, devenant propriété de la Couronne. En Angleterre le Roi s’appropria également des biens ; le roi d’Aragon et de Portugal dotent des nouveaux ordres ; le souverain d’Ecosse donne les biens à des membres de son entourage. Des nombreux Templiers trouvent refuge chez les Hospitaliers.
Le 3 avril 1312 Clement V par la Bulle papale Vox in Excelso supprima l’ordre des Templiers. Leurs biens ont été transférés aux Hospitaliers dans l’idée de leur restituer les pertes subies en Terre Sainte et de soustraire les biens des Templiers à l’avidité des Couronnes.

​Le «livre Vert »

A la demande du Pape Grégoire XI, et face à la situation catastrophique dans laquelle se trouvaient les commanderies, un inventaire détaillé des biens et de leur personnel est tiré et consigné dans « Le livret vert » établi en 1373 et conservé dans les Archives nationales de France.
Les hospitaliers employèrent la plus grande partie du XIV siècle à réparer les dommages provoqués par le semi-abandon de certaines commanderies et par les ravages provoqués en France par la guerre de Cent Ans et la guerre civile.

La disparition des commanderies

Jusqu’à la fin du XVIII siècle, où elles disparaissant progressivement, les commanderies assurent, grâce à leur revenus, l’entretient des garnissons en Terre Sainte à Rhodes, et puis à Malte . En France elles ont contribué au repeuplement des campagnes et à l’entretien de la sécurité grâce à des «sauvetés», lieux d’asile où chacun pouvait se réfugier.

​Il n’existe pas d’histoire proprement dite des commanderies en France.

La Bibliographie de l’Ordre de St Jean parue en 1885 et complétée en 1924 montre la rareté des études sur les commanderies.

Source:
“Histoire de l’ordre de Malte” par Bertrand Galimard Flvigny. Editons Perrin 2006.

RUETZ :

D : 138 N° : CXXXVIII

Date : 1137 (11 avril 1137-13 janvier 1138)
Nom : Aton d’Attancourt
Ville : Ruetz
Département : 52 Haute-Marne à Châlons-sur-Marne. Geoffroi, évêque de Châlons, atteste les donations faites à l’ordre du Temple par Aton d’Attancourt et d’autres, de la terre de Ruetz et d’autres lieux de la région.
Département : Haute-Marne
Arrondissement : Saint-Dizier
Canton : Chevillon – 52
Ruetz, ferme sur la commune de Gourzon.​

- Maison du Temple, puis commanderie de l’Ordre de Malte, fondée vers 1137.​
- Terra que Ruellus dicitur, in territoria Gourzon, 1137 (Fonds de la commanderie de Ruetz)​
- Rueys, 1193 (Fonds de la commanderie de Thors)​
- Li freire de la chevalerie dou Temple de Rués, 1256 (Fonds de la commanderie de Ruetz)​
- Ruels, 1261 (Ibidem)​
- Ruex, 1263 (Ibidem)​
- Ruaus, 1274 (Ibidem)​
- Ruiels, Ruiaus, 1277 (Ibidem)​
- Ruelz, 1401 (Archives Nationales, page 189-2, nº 1588)​
- Ruel, 1605 (Fonds de la commanderie de Ruetz)​
- Ruée, 1700 (Dillon)​
- La commanderie de Réel, 1763 (Archives de la Haute-Marne, C. 317)​
- Les Ruetz, XIXe siècle (Cadastre, section A)​

​Sources : Dictionnaire topographique du département de la Haute-Marne, par Alphonse Roserot. Paris M. DCCCC. III.

TERRIER : de la commanderie de Ruetz de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem

De la commanderie de Ruetz membres et dépendance, fait à la poursuite et diligence de Messire Anne Errard De la Madeleine de Rugny, Chevalier Grand Croix de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, Grand trésorier dudit ordre, Commandeur de laditte commanderie de Ruetz. Ledit terrier commencé le 3 décembre 1775 et finy le 5 septembre 1776.
Ce jour trois décembre mil sept cens soixante quinze, Nous Etienne Plique notaire royal héréditaire au baillage de Chaumont en Bassigny, à la résidence de Wassy soussigné mandaté et requis au lieu de Ruetz par haut et puissant seigneur Messire Anne Erard de la Madeleine de Rogny Chevalier Bailly grand croix de l'ordre de St Jean de Jérusalem et du membre de St Nicolas de Langres qui en dépend  ; et étant arrivé audit Ruetz ledit jour, s'est présenté pour ledit seigneur commandeur Me Nicolas foynot avocat au Parlement bailly de la commanderie de Ruetz et ses dépendances lequel représenté certaines lettres royaux obtenues à la Chancellerie du Palais à Paris le premier juillet mil sept cents soixante quinze collationnées signées par le conseil Lecuyé et scellées le cinq juillet dudit an lesquelles permettent audit commandeur de faire faire un dénombrement et papier terrier de tous les biens et droits dépendants et attachés à laditte commanderie, ensemble la commission sur ce obtenue de Monsieur le lieutenant général au bailliage de Chaumont du vingt deux novembre dernier signé sur la grosse Royer, controllé et scellé audit Chaumont ledit jour par Combois, par laquelle commission nous dits notaire somme député nommé et délégué pour procéder en exécution desdittes lettres audit dénombrement et avant d'y vaquer ledit commandeur nous aurait requis de nous transporter audit Chaumont pour y prêter serment par devant mon dit Sieur le lieutenant général dudit bailliage et nous étant transporté audit Chaumont, nous avons fait ledit serment suivant qu'il paraît par laditte commission.

Lettres Royaux

Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à nos baillys de Langres, de Chaumont et de Bar le Duc ou leurs lieutenants généraux chacun en leur ressort, salut de la part de notre bien aimé frère Anne Erard de la Madeleine de Rogny Chevallier bailly grand croix de l'ordre St Jean de Jérusalem et du Membre de St Nicolas de Langres qui en dépend, nous a fait remontrer qu'à cause de laditte commanderie de Ruetz et de Langres il a tout droit de justice haute moyenne et basse, plusieurs domaines, fiefs, foy et hommages, cens, rentes et terrages, champort et autres droits seigneuriaux qui sont dus par plusieurs personnes tant nobles qu'autres dont l'exposant a déjà joui  ; Mais comme il craint que ses livres, titres et papier terrier viennent à se prescrire et ne perde ses droits par la mauvaise foy d'aucun détempteur la plupart desquels sont refusants de payer titre nouvel bailler aucun dénombrement s'ils ne sont contraints et de lui as pourvu de nos lettre sur ce nécessaire qu'il nous a fait supplier de lui accorder.
Donné en notre chancellerie du palais à Paris le premier jour de juillet l'an de grâce mil sept cent soixante quinze et de notre règne le deuxième collationné signé par le Conseil Lecuyé, scellé le cinq dudit mois de juillet
Signé Denis

Commission

A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Gaillot Jean Marie Mandot, chevalier baron de Neuilly, Seigneur de Thil et de Bourmont en Champagne, ancien lieutenant au régiment des gardes françaises, Chevalier de l'ordre royal et militaire de St Louis grand bailly de la ville et bailliage de Chaumont en Bassigny, Salut. Savoir faisons que sur la requête à nous présentée par frère Anne Errard de la Madeleine de Ragny Chevalier grand croix de l'ordre St Jean de Jérusalem commandeur de Ruetz et du membre de Saint Nicolas de Langres qui en dépend demeurant en son château de Ruetz tendant à ce qu'il nous plaise vu les lettres de terrier obtenues par le suppliant en la chancellerie du palais à Paris le premier juillet mil sept cent soixante quinze dûment collationnées signées et scellées et en bonne forme et à nous adressées en acceptant la commission qui nous est attribuée par icelles, donner acte au suppliant de ce qu'il nomme pour notaire à l'effet de procéder au terrier de touts les biens et droits que le suppliant possède en sa dite qualité dans l'étendue de notre ressort, la personne de Me Etienne Plique notaire royal en la prévoté de Wassy et celle du sieur Paul Drouin arpenteur de la même ville pour faire les mesurages et arpentages nécessaires à ladite opération et dont il sera requis par ledit notaire, ce faisant les commettre l'un et l'autre à cet effet, en conséquence attendu que ledit Me Plique et ledit sieur Drouin sont en cette ville, permettre au suppliant de les faire assigner à comparoir en notre hôtel de ville heure qu'il nous plairoit d'indiquer pour accepter commission et prêter le serment en pareil cas requis et accoutumé, laditte requête signée Petit, procureur avec paraphe...

Assignation

L'an mil sept cent soixante quinze le dimanche vingt six novembre en vertu des lettres royaux en forme de papier terrier obtenu en la chancellerie du Palais à Paris le premier juillet dernier collationnées signées par le conseil lecuyé, scellée le cinq dudit mois de juillet par Denis et Commission sur icelle du bailliage de Chaumont en Bessigny du vingt deux novembre présent mais signé Royer dument controllée et scellée ledit jour par Dubois et à la requête de Messire Anne Erard de la Madeleine de Ragny Chevallier bailly grand croix de l'ordre de St Jean de Jérusalem commandeur de Ruetz et du membre de St Nicolas de Langres qui en dépend dénommé esdettes lettres et commission demeurant en son château audit Ruetz ou il fait élection de domicile, en la ville de Chaumont en la maison et étude de Me Nicolas petit son procureur et au greffe de la Justice de Gourzon ...

Premièrement

Ledit jour trois décembre mil sept cent soixante quinze audit lieu de Ruetz, nous avons commencé par la descriptions des églises, bâtiments et dépendances de ladite commanderie ainsi qu'il suit.

Bâtiments

Nous ledit notaire et témoins en présence dudit Me foynot bailly pour ledit seigneur commandeur, sommes entre en l'églis et chapelle dudit Ruetz, que nous avons trouvé bien ornée sur son grand autel de tous les ornements nécessaires et convenables de quantités de chandeliers de cuivre et de cierges, ladite chapelle boisée d'une boisure bien vernie tout autour du chœur avec des bancs à coudoirs fort propres. Derrière lequel grand autel est un grand tableau représentant un crucifix, dans lequel sont représentés la Sainte Vierge et Saint Jean Baptiste, St Jean l'évangéliste et la Madelaine patronne de ladite chapelle. A côté du cœur sont deux petits autels dédiés l'un à la Sainte Vierge et l'autre à Sainte Anne dont les tableaux et les boisures sont en bon état et le tour en boisure vernie et faits et fournis par ledit seigneur commandeur actuel, le pavé de laditte chapelle en pierre de taille bien cimentée en bon état  ; quoy fait Me françois hyacinthe de Villeroy prêtre desservant actuellement ladite chapelle demeurant audit Ruetz, nous a représenté un calice d'argent avec sa patine, un ciboire de laiton doré dans lequel il y a un autre petit ciboire d'argent, plusieurs nappes d'autel, trois aubes, cinq chasubles dont une neuve fournie par ledit seigneur commandeur, le devant d'autel de bois de menuiserie aussy verny, deux burettes en argent, un plat aussy d'argent marqué aux armes de Malte aussy fourni par ledit commandeur. Ensuite de quoy ledit Me foinot nous a déclaré que la voûte de ladite église est en très bon état comme il nous est apparu et que les vitres de laditte église qui sont aussy en bon état ont été mises, rétablies et réparées par les soins et aux frais dudit seigneur commandeur  ;
Et au sortir de ladite église ledit Me foinot nous a montré et fait voir un grand corps de logis tout de pierre de taille composé de deux grands pavillons anciennement bâtis et aux deux côtés dudit corps de logis deux grands pavillon aussy de pierres de taille de huit…. ledit corps de logis a quatre étages compris les greniers, un grand donjon fort vaste et spacieux dans lequel est une autre aile du bâtiment sqbaty depuis quelques années par les soins et aux frais dudit seigneur commandeur aussy tout en pierre de taille composé d'une grande salle boisée de tout autour de bois de chene verny, quatre grandes croisées garnies de leur ferrure chassis et vitres dont deux prennent jour sur la cour et les deux autres sur un parterre construit aux frais dudit seigneur avec un escalier de pierre de taille à quatre pans pour descendre de ladite salle audit parterre entouré de fossés avec un autre grand escalier aussy en pierre de taille pour descendre de ladite salle à ladite cour, lesdites fenêtres ainsi que celles dudit nouveau bâtiment garnies de barreaux de fer et de persiennes peintes en gris le tout en bon état, après laquelle chambre servant de salle, sont deux chambres aussi boisées, un cabinet entièrement boisé et d'autres chambres à cabinets en parties boisées et rapissées, au dessous desquelles batiments sont deux caves voutées qui règnent sous et le long dudit bâtiment construit depuis quelques années et des greniers au dessus le tout couvert de tuiles plates et aux frais dudit seigneur avec des pannonceaux aussy en bon état, auxquelles batiments sont attachées plusieurs écuries, greniers dessus, halliers, pressoir qui forment la cour de laditte maison  ; dans laquelle cour nous avons encore aperçu un troisième escalier aussy de pierre de taille pour aller aux susdites chambres dudit nouveau bâtiment. Une petite tour dans laquelle est la chambre à four et une autre chambre à feu au dessus pour sortir de laditte cour du Donjon et entrer dans la basse cour, un pont dormant flanqué de deux piliers de pierre de taille après lesquels sont attachés et suspendus les deux battants de la porte faite en grillage et de bois de chêne peints en vert, aux côtés des deux piliers sont des murs de pierre de hauteur d'apuy, faits aux frais dudit seigneur commandeur au bout desdits murs d'apuy du côté du couchant sont une petite chambre couverte des tuiles creuses et une tourelle carrée couverte de tuiles plates. Sous ledit pont composé d'une arche et garni de lisses de pierre de taille des deux côtés passent les eaux qui emplissent les fosses dont sont entourés lesdites maisons, vieux et nouveaux bâtiments et toutes les dépendances dudit donjon.
Au sortir duquel donjon le dit Me foynot a fait voir une grande basse cour fermée de murailles ou réside à présent une fermière nommée Marie Charpentier-veuve de Claude Colleson, dans laquelle cour sont plusieurs bâtiments convenables pour loger trois fermiers vu desquels a été rebaty à neuf il y a quelques années aux frais dudit seigneur commander et composé de quatre et grandes chambres propres à loger deux fermiers avec des écuries joignant  ; dans laditte cour est une autre grange pour resserver les grains et foins dudit seigneur, un grand colombier à hauts pans couvert de tuiles plates et pour entrer et sortir de laditte cour est une grande porterie et une petite porte à côté le tout de pierre de taille tous lesquels bâtiments et murs cy dessus énoncés composant laditte commanderie bien entetenu et mis en bon état par ledit seigneur – De laquelle cour ledit Me foynot nous a conduit et montré un grand jardin potager entouré de murailles composé de six grands carreaux, un grand canal revêtu de pierres, du côté duquel jardin potager est un verger entouré de haye vive le tout contenant environ six quartiers de terre tenant d'une part du midy des jardins potagers, cy dessus spécifiés d'autre au septentrion d'un pré dépendant de ladite Commanderie,...

Haute justice moyenne et basse

après quoy ils ont juré et affirmé par devant nous qu'au dedans et enclos de la dit commanderie, ledit seigneur commandeur a droit de haute justice moyenne et basse, officiers pour l'exercice d'icelle comme bailly et garde justice, lieutenant procureur greffier et sergent, même qui a droit de pilory et carcan, la basse cour de ladite commanderie et au deux officiers reformateurs pour chacun ou sur ceux dudit seigneur commandeur à Chevillon, Couverpuis, Juvigny, Sommeville, Rochecourt, Breuil et Menis sur saulx, tous lesdits officiers pourvoir dudit seigneur commandeur...

Bois Lohan

Lesdits officiers nous ont pareillement déclaré qu'audit seigneur commandeur de Ruetz à cause de laditte commanderie appartient une contrée de bois de Lohan au devant de la porterie de la basse cour dudit Ruetz contenant soixante sept arpents ou environ arpent royal, joignant au midy les terres labourables de fontaines, d'autre au septentrion des terres dudit Bouverot, d'un bout au levant sur les terres labourables de Nancy, d'autre au couchant sur les terres dudit Bouverot de Ruetz.

Bois plantoin

Que le bois plantoin et à l'aspect de la maison et corps de logis contenant quarante arpents ou environ et joignant au levant des terres de ladite commanderie d'une part, ...

Broussailles appelées les libierres ?

Que le bois broussaille contient trois arpents ou environ joignant au midy des terres dudit domaine d'une part, d'autre au septentrion du bois appelé communément le bois sautier ...

La vigne

une pièce de vigne proche laditte commanderie a elle appartenant contenant douze journels ou environ fermée en partie de haye vive, joignant au midy le chemin tirant dudit Ruetz à Bayard d'une part, d'autre au sptentrion le bois plantain, d'un bout au levant sur les terres du gagnage de Bayard dépendant de ladite commanderie, d'autre au couchant sur les moulins dudit Bayard le chemin royal entre deux.

Etang dépendant de laditte commanderie

Ledit Me Foynot a déclaré qu'il appartient à laditte commanderie dans l'étendue dudit Bouverot et domaine proche la Thuillerie de Narcis, un étang qui est garni de poissons dont ledit seigneur commandeur jouit joignant d'une part au levant les bois Libieriere appartenant à laditte commanderie... ... Nous ordonnons que les terres, prez, bois, broussailles, vignes et autres ventages cy dessus et des autres parts déclarées et raportées seront mesurées et arpentées en notre présence par ledit sieur Drouin, duquel mesurage et arpentage il dressera procès verbal pour être attachée et annexé à la minute des présentes et ensuite reportés et transcris sur la présente expédition au fur et à mesure des endroits ou les biens retrouveront situées pour ledittes déclarations servir audit seigneur commandeur, ce qui de raison, fait et arrêté les jours et au susdits trois du mois de décembre mil sept cent soixante quinze.
En suit la teneur de l'arpentage fait par ledit sieur Drouin ledit jour. L'emplacement du chateau compris les fossés qui l'entourent, maison du fermier, grange, écuries, basse cour et jardin potager contient dans le pourtour extérieur des murs et fossés la quantité de quatre journels trente neuf cordes.
Item la place au levant de la grande porte de la basse cour proche le tilleul contient quarante cordes. Item l'enclos et le verger au derrière du château avec leurs hayes vives qui l'entourent contient quatre journels seize cordes. Item le Bouverot de laditte commanderie en terres labourables et friches contient la quantité de deux cents soixante treize journels trois quartiers quatre cordes au bois saisons y compris la friche sous le bois Chatelet et encore dix sept journels quarante quatre cordes de terres situées sur le finage de Narcis, la première pièce contenant quarante journels soixante cordes, ...
L'étang avec la chaussée et bordure qui l'environne contient trois journels soixante quinze cordes.

Bois dépendant de laditte commanderie

Le bois Lohan contient quatre vingt un arpents dix neuf cordes à l'ancienne mesure (à l'arpent royal soixante sept arpents dix perches) ... Item le bois plantain contenant soixante deux arpents (51 arpents, 24 perches en arpent royal) ... Item les broussailles appelées les lizières contenant quatre arpents dix sept cordes (3 arpents quarante cinq perches) ... Item les vignes de Ruetz contenant treize journels soixante quatorze cordes y compris les hayes joint d'une part au midy le ruisseau entre le chemin de Bayard à Ruetz ...
Le grand Chairie contient savoir en terres labourables seize journels un quartiers et en prez sept fauchées quarante sept cordes ... Item le petit Chairie contenant trente neuf cordes au lieu de soixante neuf ...

Prez rompus

Item proche l'écluse de Rochecourt cinquante cordes ... Item après avoir mesuré le bois du Vaudet situé sur ledit finage de Sommeville lequel contient seize arpents quatre vingt quatorze cordes (14 arpents 14 perches) ...
Et le quatre décembre an de 1775, nous notaire susdits sommes partis dudit Ruetz pour nous rendre audit Gourzon où était la maison du sieur Gervais Blavet aubergiste pour satisfaire aux publications et assignations cy devant rapportées.

Dixmes grosses et menues

Principaux et anciens habitants dudit Gourzon qui ont déclaré qu'il appartient audit seigneur commandeur à cause de sa commanderie de Ruetz lesdits lieux et finage de Gourzon et Laneuville à Bayard, le tiers des grosses et menues dixmes en quoy ils puissent consister, les deux autres tiers appartenant à divers particuliers, après néanmoins le gros du sieur curé dudit Gourzon pris sur la totalité et généraliste desdits dixmes ce que les déclarants ont vu pratiquer depuis qu'ils ont usage de raison.

Terrage de Gourzon

Ont aussi déclaré et attesté qu'il appartient à laditte commanderie de Ruetz une quatrième partie du terrage dudit Gourzon, ... ... que ledit seigneur à cause de la commanderie de Ruetz a droit de justice haute moyenne et basse sur les hommes et femmes de corps audit Rochecourt et pour leur faire l'administration fonctions et exercice, il y nomme et pourvoit les officiers nécessaires, un fermier pour les amendes qui lui résultent, même que le bailly et juge en garde dudit Ruetz a droit de reformation sur les juges dudit Rochecourt par chacun an. ... il appartient à ladite commanderie de Ruetz un tiers des menues dixmes au finage de Rochecourt auxquels sont comprises les dixmes du vin, de laine, de chanvre et des menus grains suivant la contenance du pays ...

Forts mariages

Nous ont pareillement déclaré que ledit seigneur commandeur de Ruetz a droit de formariage, sur les hommes et femmes sujets dudit lieu de Rochecourt qui est que si aucun des hommes de corps se marient et prend femme d'autre condition que celle sujette à ladite commanderie, ...

Redevances personnelles

Que les hommes sujets de laditte commanderie audit Rochecourt ayant charrue entière lui doivent par chacun an au jour de fête de St Rémy premier octobre dix sols tournois de redevances, celui qui n'a pas charrue entière paye pour chacune bête trente deux sols six derniers aussi pour chacun an au même jour, celui qui n'a pas de bête tirante lui dit par chacun an douze deniers tournois même jour que dessus – La femme veuve ou non mariée doit audit jour St Rémy pareille somme une douze deniers quand elles n'ont point de charue et bête tirante, si elles en ont payent pareille redevance que les hommes. Que pareillement laditte commanderie a droit de terrage sur trois contrées du finage dudit Rochecourt – La première est la contrée de la fosse du puy contenant dix journels... La seconde appelé la grande Varenne autrement la Voye du bois contenant environ quatre journels ... La dernière en la contrée du Noyer Gillet au fond de la grande Varenne contenant cinq quartiers ... Que le seigneur commandeur a plusieurs droits de cens audit Rochecourt tant en deniers que grains, portant lods et ventes, peines et amendes, défaut vert et devert, droit de retenue lesdits lods et ventes de vingt deniers pour livre.

Bayard

... qu'il appartient à laditte commanderie une maison consistant en trois chambres dont deux à feu greniers au dessus régnant lesdites chambres, écuries dessous, place à fumier... ... qu'il appartient à laditte commanderie une autre maison qui était autrefois une grange laquelle maison est composée de 7 chambres propres à loger des forgerons et est proche de la susdite maison ... Plus qu'il appartient à ladite commanderie une pièce de terre qui était cydevant nature de chenevière lors du terrier fait en 1748.

Saison de la haute Varenne

Item à la haute Varenne 41 cordes joignant au midy le sieur Marcilly
Item au même lieu devant le Bac 2 journels 7 cordes
Item au même lieu un journal 20 cordes
Item proche la fosse tourneile un journal 48 cordes en terres et onze corde en accrus
Item au petit Mauron 60 cordes et 21 cordes en friches.

Forges de Bayard

Laditte forge consiste en un fourneau, marteau, chaufour, affinerie, bocard, lavoir de mines, une grande halle à mettre charbon, une chambre pour y loger le fer façonné et une chambrette devant l'affinerie pour retirer les forgerons quand ils travaillent, ...

Moulins de Bayard

Lesdits moulins consistent en deux moulins bâtis de pierre de taille couverts de thuilles creuses, deux chambres l'une à feu proche la porte, grenier dessus lesdittes chambres, étables dessous, place au devant desdits moulins, le long desquels moulins il y a un pont pour le passage du public construit de bois sur le bief conduisant les eaux à laditte forge et au moulin ...

Le cours d'eau

Le cours d'eau tiré de la rivière de Marne commençant sous le bois de Jarot finage de Gourzon pour faire travailler lesdites forge et moulins de la longueur d'une demie lieue ou environ appartenant audit seigneur commandeur et don les écluses sont entretenues par lui ou pour ses admoniateurs.

Droits de Pesche sur le bief de Bayard

Lesdits sieurs Brisson et Me foynot esdits noms nous ont déclaré qu'audit seigneur commandeur appartient le droit de pesche sur la forge de Bayard depuis la fontaine du village de fontaine sur marne jusqu'au dessous de la fosse desdits moulins et il y a amende de soixante sols et confiscation des harnois contre ceux qui pechent sans l'ordre dudit seigneur commandeur…

Breuil

Quand aux Dixmes mentionnées au papier terrier de 1686 et évaluées en 1710, lesdits syndic et principaux habitants ont dit qu'ils n'ont acune connaissance qu'il en appartiennent audit seigneur commandeur sur le finage de Breuil, ...
Qu'ils ne connaissent pas la pièce de terre mentionnée au papier terrier de 1686 page 42 occupé par Nicolas Thomas et qui était pour lors en partie chenevière, partie en jardin, chargée de 9 deniers de cens ainsy qu'il est mentionné au terme se 1748, protestant ledit Me foynot pour ledit seigneur commandeur de se pourvoir à l'encontre des détempteurs desdits héritages…

Dixmes grosses et menues et la grange aux dixmes

Ledit Me foynot a déclaré qu'il appartient à laditte commanderie de Ruetz un tiers et un cinquième dans un autre tiers en grosses et menues dixmes au lieu et ban du finage dudit Sommeville qu'il luy appartient aussy prend et perçoit annuellement sur le grain desdittes dixmes de grains18 boisseaux, un tiers de blé, un tiers d'orge et un tiers d'avoine à la mesure à présent de Joinville au lieu et place de 3 septiers des trois espèces à l'ancienne mesure de Joinville pour la grange qui dépend de laditte commanderie laquelle est ruinée par incendie il y a bien du temps en sorte qu'il n'en est restée que la place qui est située audit Sommeville contenant 5 cordes ou environ joignant sur la rue devant le portail de l'église, au lieu et place de laquelle grange, ledit seigneur commandeur a fourni un pour engranger tous les grains que le fermier dudit seigneur commandeur prend et perçoit par chacun an en laditte grange aux dixmes comme il a été cydevant accoutumé avec le gros que le sieur Curé de Sommeville prend sur la masse desdites dixmes qu'il fait consister à la quantité de sept septiers froment et quatorze septiers d'avoine, le surplus se partageant savoir qu'en la quantité de trente boisseaux de tous gains, ledit seigneur commandeur en prend onze, Madame la Marquise de Choiseul à cause du fief de Chatillon trois, ledit sieur curé huit et les religieux de Saint Urbain huit, toutes les dixmes grosses et menues se partageant sur le même pied depuis longtemps.

CENS : justice

Ledit Me foynot bailly de Ruetz, Mr Jean Antoine Adenis lieutenant en la justice de la commanderie de Ruetz, Me Jacques Lappierre procureur fiscal, Me henry Vouillemein substitut ont déclaré que laditte justice de Chevillon pour ledit commandeur y a droit de justice moyenne et basse.
… Toutefois en cas de prise de dommage sur le ban et finage dudit Chevillon les sujets dudit seigneur commandeur pour leurs bestiaux qui ont fait dommage sont responsables par devant le mayeur de Chevillon et la justice de Monseigneur le duc d'Orléans, ayant la haute justice audit Chevillon qui s'adjugent les amendes qui s'adjugent esdits ces…

CENS : forts mariages

Laditte commanderie de Ruetz a droit de formariage sur les hommes et sujets audit Chevillon en telle sorte qu'aucun desdits hommes de corps se marient à femme d'autre condition que celles de ladite commanderie de 60 sols et les poursuites auxquelles il est sujet se font en quelques parts quelles se retirent.

CENS : Redevances personnelles

Les hommes dudit seigneur… ayant charue entière doivent chacun an à ladit commenderie au jour de la fête St Rémy 1er octobre la somme de 10 sols.
Ceux qui n'ont pas charue entière pour chacune bête tirante doivent 2 sols 6 deniers.
Ceux qui n'ont point de bête tirante sont tenus de 12 deniers de redevance.
La femme veuve ou non mariée paye pareillement.
Que ledit seigneur commandeur a droit de moitié de 3 grands fours bannaux audit Chevillon, l'autre moitié appartenant à Monseigneur d'Orléans …

Moulin bannal de Ruetz

Qu'il appartient à ladittte commanderie de Ruetz un moulin audit Chevillon auquel les hommes et sujets de laditte commanderie sont tenus et obligés de moudre leurs grains à peine de soixante sols d'amende et payer pour la mouture la 24e partie du grain  ; au dedans dudit moulin il y avait une huilerie. Sur le bief et cours d'eau la commanderie a droit de pesche depuis l'empallement au-dessus jusqu'à 100 pas au dessous du moulin….

Grosses dixmes de grains

Appartient à ladite commanderie les grosses dixmes de tout grain du lieu ban et finage de Chevillon comme froment conseigle seigle orge, avoines, poix, faives et toutes autres grains 12 boisseaux et encore les deux à onze de la poulle desdittes dixmes.

Dixmes de chanvre

Lesquels droits consistent aux deux tiers desdittes dixmes qui se lèvent à raison de treize bouchots l'an, l'autre tiers appartenant à Mr l'abbé de St Urbain et au sieur curé de Chevillon. Et sur les autres héritages qui lui sont censables appelés les fruits communs il lui était dû et le perçoit à raison de douze bouchots, deux –

Dixmes du vin

Ladite commanderie a droit de prendre les 2/3 des dixmes du vin des vignes qui lui sont censables… sur la totalité et sur les autres vignes qui ne luis sont [pas] censables perçoit de 12 pintes deux dans la totalite de laditte dixme consistant en 11 parts le surplus desdites dixmes apparrenant aux autres seigneurs dixmiers.

Hommes de corps

Germain Guillot charon homme de corps de la commanderie à cause de Claudine Champenois sa mère doit 10 sols quand il a une charrue entière payable au jour St-Rémy 1er octobre.
Didier Quinet manouvrier à cause de Claudine Chalois sa mère
Toussain Aubertin à cause d'Anne Lepicier sa mère
Marie Lhuillier femme de François Aubry, fille de Catherine Bernaut ….

Nommecourt

Et le 11 dudit mois de janvier 1776… nous sommes rendus en la maison de Joseph Lorain cabartier audit nommecourt deux heures après midi est comparu Nicolas Colleson sindic, françois Lorain laboureur, Jean Bachelier manouvrier, Joseph Lorain cabartier et françois Petitjean laboureur tous principaux habitants dudit lieu lesquels ont affirmé que le seigneur commandeur possède un gagnage et terrage situé sur le territoire de Nommecourt …

Prez

Et le vingt six mars 1776 nous dit notaire… étant à la maison curiale dudit Pré en présence dudit Me Foynot qui nous a dit qu'autrefois la commanderie jouissait d'une portion de dixme sur le territoire dudit Prez sur marne mais que par l'examen des anciens papiers terriers de ladite commanderie il a observé que ces dixmes ont été abandonnées par les prédécesseurs dudit seigneur commandeur aux sieurs curés dudit Prez pour payement et leur tenir lieu de leur portion congrue, ce qui a été avoué par Me Pierre Callot cy devans curé dudit Prez dans le papier terrier de 1748 qui depuis qu'il était curé dudit lieu, il avait toujours perçu 1 sixième ou 1 neuvième aux grosses et menues dixmes du finage dudit Prez pour payement de la portion congrue sans aucun trouble ainsy que ses prédécesseurs depuis plus de cent années sans interruption… laquelle déclaration ayant été faite à Me Claude Callot actuellement curé dudit Prez…
En quoy le dite Me Callot nous a fait réponse qu'il a oui dire qu'effectivement laditte commanderie de Ruetz jouissait autrefois d'une portion de dixme à percevoir sur le finage et terroir dudit Pré sans pouvoir dire en quoy pouvait consister laditte portion  ; et ledit Me foynot a fait protestation de se pourvoir contre ledit Me Callot…

Vrainville

Et le 4 avril audit an 1776 étant audit Vrainville assisté dudit Me foynot qui nous a dit qu'au finage dudit Vrainville était située une pièce de terre dépendant de la commanderie dudit Ruetz et affermée à Nicolas Lazare Ginot fils de Claude Ginot laboureur… qui nous a déclaré qu'il occupe depuis plusieurs années une pièce de terre labourable dépendant de ladite commanderie de Ruetz lieu dit la Couaire consistant en 40 cordes… ce qui a été déclaré et confirmé par Charles Morand meunier dudit Vrainville et Me Jean Baptiste Vautrin prêtre et curé dudit lieu et de claude Antoine Le gendre recteur d'école, témoins appelés en l'absence d'un autre notaire…

Chevillon

Il reconnaît pareillement le cens de 3 deniers pour la chenevière contenant 6 cordes. Et le 25 aout 1776 était à Ruetz est comparu Messire Nicolas françois de Fresne Chevallier de l'ordre royal militaire de St Louis, ancien capitaine au régiment de Touraine seigneur de la Tour de Chevillon demt à St Dizier lequel nous a déclaré - qu'il reconnait le cens de 3 deniers pour la moitié d'1 fauchée 8 cordes de pré ent les deux rupts - qu'il reconnait le cens de 2 deniers pour 1 quartier de terre labourable situé en dessous de la côte du fays - enfin le cens de 12 deniers pour la pièce de terre dit le clos Lamblinet contenant 3 quartiers.

Les mesures utilisée

Le journal ou la fauchée = 1/3 d'hectare 3  330 m²
Le quartier : 825 m²
La corde : 41,2 m²
L'arpent royal : 5 107 m²
= 100 perches 1 perche = 51 m²
Le setier de grains = 8 boiseaux= 225 l
1 boisseau = 28,2 l

Confiscation des biens de Ruetz / Inventaire de la commanderie

9 Nov 1792 Scellés et inventaires à Ruetz
L'an 1792, 1er de la République, le 9 novemre, 6 h du soir, Charles Fourchard procur sindic du district de Joinville commissre nommé en exécution du décret de la Convention Nationale du 22 du mois dernier qui fixe le mode d'exécution de la loi du 19 septembre dernier concernant la disposition des biens dont jouissait le cidevant ordre de Malthe, étant à la Cie de Ruetz dans une habitation occupée par Nicolas Princet, l'un des fermiers et concierge de la ditte comie où étaient présens Antoine Guillemin, Georges Quantin, Joseph Guinoiseau et Louis Clément maire, officiers municipaux et procureur de la commune de Gourzon sur le territoire de laquelle est assise cette comie, j'ai annoncé aud Princet qu'aux termes de l'article 1er de la loi ci-dessus citée dont il lui a été fait lecture, j'entendais apposer le scellé sur tous les appartements dans lesquels existaient les effets appartenant au citoyen Fontenois commde de cette maison, lequel concierge nous a répondu que le citoyen Fontenoy n'habitait pas cette commie, qu'il demeurait à Colombe près Paris, que lui, toujours soumis aux lois, il alloit sur le champ nous conduire dans les appartemens de maître dépendant de lad maison. l nous a introduit dans la cuisine en nous observant que pour abréger nos opérations, il conviendrait que nous nous portions à l'autre extrémité du batiment en traversant tous les appartmens d'icelui. Parvenus dans la chambre du fond qui prend jour sur la cour, nous avons apposé le scellé sur les 2 croisées en apposant le cachet de l'administration aux 2 extrémités de bandelettes de papier sur cire d'Espagne rouge et sur la porte d'entrée de laidte chambre que nous avons fermé à clef.
2. Dans la seconde chambre prenant jour sur la cour sur 2 croisées de la même manière que ci-dessus, et sorti de cette chambre dont la porte donne sur un coridor, nous y avons apposé le scellé.
3. Pareil scellé a été apposé sur la croisée prenant jour sur le verger éclairant le coridor, ainsi que sur la porte principale d'entrée donnant sur la cour.
4. Pareil scellé a été apposé sur la croisée d'une petit cabinet prenant jour sur le verger et son entrée sur le coridor et de suite sur la porte.
5. Entré dans un petit cabinet où il y a 2 issues, l'une donnant sur un coridor et l'autre sur le sallon. Le scellé a été apposé sur une croisée prenant jour sur le verger et sur la porte donnant sur le coridor. De là, passé dans le sallon, le scellé a été apposé sur une des portes donnant sur le coridor, sur 2 croisées prenant jour sur la cour  ; rentré dans la salle, le scellé a été apposé sur la porte d'entrée du sallon.
6. Passés dans une chambre prenant entrée dans la salle et qui nous a conduit dans une autre chambre prenant jour sur le parterre. Le scellé a pareillemt été apposé sur 2 croisées  ; rentré dans la 1ère chambre, le scellé a été apposé 1° sur 2 croisées prenant jour sur le parterre. 2° sur une armoire en forme de placard. 3° sur les 2 tiroirs d'une commode renfermant les titres et terriers de la commie. Rentré dans la salle, le scellé a été apposé sur la porte d'entrée de cette chambre. Nicolas Princet nous a observé que cette salle était utile pour arriver au parterre, maintenant potager, que nous lui en laissions la jouissance, pourquoi nous avons inventorié les meubles qui y sont, savoir  : 13 chaises foncé en paille, 1 pince, 1 pelle à feu et 2 chenets, 1 trumeau en 3 pièces et un cadre au-dessus représentant Mde Bourbon, l'un et l'autre carni d'un cadre doré, 1 table à jouer, 1 table à manger et ses tréteaux en bois, 1 table en bois montée sur 4 pieds, 2 bancs de bois, 1 carte en papier de Lavallée de Malthe,
Passé à l'office qui se trouve entre la salle et la cuisine s'y est trouvé 1 grande armoire à 2 battants. Dans icelle, différents meubles de cuisine, sur laquelle le scellé a été apposé, un garde-manger en bois, 1 garde-manger suspendu garni de ses toilles, une armoire en forme de garde-manger, 1 râtelier en bois, 1 vieille table en bois, 1 fontaine en graie garnie en osier avec son robinet. Passé à la cuisine, sy est trouvé  : 1 crémail, 2 chenets fonte, 1 pince, 2 pelles à feu, 1 tourne-broche, 1 met à faire pain, 1 vielle crédence, 1 pte armoire en bois à côté de la cheminée, 1 table de cuisine, 1 ptte table, 1 bloquet pour couper la viande, des perches à fendre le lard, 1 roale de four avec sa pelle, 2 couvercles de four en tôle, 1 tire-maron. Passé dans une cave  : 6 pièces de vin, plusieurs claies chargées de fruits et différens légumes que led Princet nous a déclaré provenir des vignes et des jardins dépendans de la ditte commie et qui lui sont loués par bail authentique, des chantiers de cave déclarés appartenir à la maison. Dans une autre cave garnie de ses chantiers appartenans à la maison Le dit Princet nous a conduit dans une chambre ditte de l'abbé passant sous le pressoir, laditte chambre prenant jour sur le verger, le scellé a été apposé sur la croisée. Sortis de la ditte chambre, le scellé a été apposé sur la porte d'entrée. Sous la ditte chambre s'est trouvé un bois de lit à tombeau garni de mauvais rideaux, d'une paillasse et d'une table. Sous un hallier s'est trouvé 2 grandes cuves appartent à la maison, 2 bellons, 2 seilles à vin et un antonnoir de bois et un pressoir que le dit Princet a dit lui être loué. A l'écurie des chevaux s'est trouvé un coffre à avoine, une garniture en planches de sapin pour pendre les harnais. Passé au portail le scellé a été apposé sur la porte de l'église. Dans le portail, s'est trouvé un vieux van, une pierre à eau. Passé sur le grenier de la cuisine, s'y est trouvé 2 douzaines de cloches de verre, une maie à farine, un ratellier en bois, 2 vieilles chaises. Dans une chambre à l'entrée du grenier cy-dessus s'y est trouvé 4 couchettes en bois et 3 paillasses. Dans les autres greniers, ne s'y est trouvé que des avoines, des légumes, haricots, le tout provenant des propriétés de la commie louées au fermier. Passé au clocher, s'y est trouvé 2 cloches pesant ensemble environ cinq cens.
De là, nous sommes passés à l'extrémité de la cour dans un bâtiment occupé par le citoyen Jean Baptiste Colson l'un des fermiers qui nous a déclaré lui appartenir tous les meubles de l'habitation qu'il occupe.
Passé ensuite dans un autre bâtiment qu'occupe Nas Princet, composé de 2 chambres qui se sont trouvées meublées, et lesd meubles déclarés par le citoyen Princet lui appartenir.
A toutes lesquelles opérations il a été vacqué en présence desd maire, officiers municipaux et procureur de la commune de Gourzon et assisté dud Nas Princet, que nous avons établi gardien à la conservation des scellés apposés dans tous les appartemens de la commie et encor des effets inventoriés qui se sont trouvés en évidence, à charge par lui de les représenter, lequel s'est volontiers chargé de cette mission, a promis de veiller à la conservation desd scellés, de les représenter sains et entiers ainsi que les effets inventoriés trouvés en évidence et a signé avec nous ce jourd'hui 10 novembre 1792.
Signatures  :
  • Clément procureur
  • Guinoiseau municipalle
  • G. Quentin municipal
  • Guillemin maire
  • N. Princet
  • C. Fouchard